Implanté au cœur du village depuis le 15e siècle, le couvent d’Hautrage n’a cessé durant son existence d’être un espace de vie et d’accueil tourné vers l’extérieur. Avec la nouvelle destination qui l’attend, ses murs sont appelés à résonner, palpiter, rayonner plus que jamais, comme nous l’explique le Directeur général de Septem, Mauro Del Borrello, que nous avons rencontré.
Un couvent, c’est un lieu communautaire par excellence. Pouvez-vous nous expliquer comment le couvent d’Hautrage a évolué ces dernières années ?
Depuis le transfert des dernières classes secondaires, le couvent a eu pour vocation de proposer des ateliers relavant de l’éducation permanente en accueillant en son sein des associations, dédiées aux métiers de la pratique et de la création artistique en amateur mais aussi au combat magnifique qu’il convient de mener quotidiennement contre l’illettrisme. Cela fait partie de l’histoire récente du couvent, du moins jusqu’au décès de Sœur Marie-Guylaine, la dernière sœur, aidée quotidiennement par Véronique Guérit. Depuis, la Fondation Habitat et Humanisme a pleinement repris possession des lieux.
Pourquoi et comment Septem a-t-il décidé de s’intéresser à cette bâtisse ?
Le premier élément fondamental, c’est la préservation du bâti en tant que patrimoine remarquable de la Ville de Saint-Ghislain. Ce lieu relève d’une dimension historique, patrimoniale et symbolique extraordinaire. D’autre part, nous nous sommes demandé s’il était opportun de lui donner d’autres destinations que celles qui furent imaginées lors de sa construction. Bien entendu, Septem n’a pas vocation à recréer un Couvent dans le sens religieux du terme mais je dois insister sur la dimension à la fois humaine et communautaire qui nous paraissait incontournable, une dimension vivante où les citoyens, les associations, les artistes et les moins gâtés de la vie pourraient y nouer de saines rencontres, s’y former autour d’ateliers, donner sens à leur créativité et faire preuve ainsi de reliance.
Par ailleurs, à mon arrivée au mois de mars 2022 à la tête de ce qui était encore le Foyer culturel de Saint-Ghislain, je me suis vite aperçu que l’infrastructure de la Grand-Place que nous appelons dorénavant « Les Jardins du Cloître » n’était absolument pas adaptée au monde associatif ou encore aux résidences et ateliers pour les artistes de la Ville. Enfin, notre volonté de développer une présence sur tout le territoire de Saint-Ghislain nous obligeait à dénicher un lieu capable de rencontrer nos projets.
Quels y sont les projets ?
Le couvent va se développer sur quatre grands axes. Le premier concerne une Maison des associations, la deuxième verra la création d’un Centre de création et de pratiques artistiques en amateur.
Le troisième sera un espace de formations qui intègrera notamment notre nouvel Espace Publique numérique et les ateliers en lien avec le CPAS de la Ville de Saint-Ghislain et des autres partenaires. Enfin, le quatrième et dernier axe fera du Couvent un Pôle de cultures numériques co-construit avec notre partenaire Transcultures.
De manière concrète, je dirais que l’idée de base est de combattre avec des outils culturels et artistiques les inégalités culturelles, qui deviennent ensuite malheureusement des inégalités sociales. Ainsi, dans le cadre de la maison des associations, il s’agira de promouvoir et faciliter la vie des associations, d’en faire des espaces d’écoute, d’échange, mais aussi d’accompagnement, au niveau de la gestion par exemple, ou de mise en œuvre de projets.
Ensuite, nous favoriserons le développement artistique et culturel des personnes par l’initiation et l’exercice d’activités qui stimuleront leur créativité. C’est dans cette logique que nous déposerons prochainement une demande de reconnaissance d’un centre d’expression et de créativité (CEC). C’est une initiative fondamentale, d’autant plus que parallèlement à ça, nous aurons la chance d’accueillir des artistes professionnels qui viendront travailler en résidence ou encore, donner des master classes. Ils pourront ainsi croiser des citoyens
qui pratiquent les arts, que ce soit la danse, le chant choral, la photographie, le théâtre ou les arts numériques et les accompagner dans leur développement ;
Nous avons finalement la faiblesse de penser que Septem, via le couvent, sera aux avant- postes, tant sur le plan territorial que dans sa démarche socio-culturelle, artistique et d’éducation permanente.
Concrètement, il y aura des associations qui seront installées au couvent ?
Il y a déjà quelques associations, et de nouvelles qui arrivent, les dernières en date étant l‘Espace Image Création et Transcultures. D’autres frappent déjà à la porte. Manifeste- ment, le bouche-à-oreille fonctionne plutôt bien et notre porte est toujours ouverte.
Il y a de la place pour tout le monde ?
Oui, puisque les salles ne sont pas spécifiquement et précisément destinées à des associations. Celles-ci l’utilisent en fonction de leurs besoins, selon un planning bien défini. Une coordinatrice a été désignée en interne et a pour mission de tout orchestrer sur place sans oublier notre équipe d’animation qui a désormais ses bureaux au Couvent.
Cela veut dire que les bâtiments du centre- ville se vident un peu de leur substance ?
Bien au contraire ! Mais nous destinons les Jardins du Cloître à devenir une scène de création, de résidence et de diffusion de spectacles, de concerts, de conférences et d’expositions mais également à accompagner les pratiques d’un public scolaire saint-ghislainois riche de sa diversité et de sa créativité.
Interview réalisée par Claire Bortolin


